Qu'est-ce que la radicalisation violente ?

Le terme de radicalisation violente vise un engagement dans un projet politique en rupture avec l’ordre existant, fondé sur une idéologie qui rejette le pluralisme et la diversité, et qui considère que, malgré le caractère démocratique de notre système, la violence est un moyen légitime pour atteindre ses objectifs. 

Le terme « radical » n’est pas nouveau. Il était déjà utilisé au 18ème siècle dans le contexte des révolutions américaine et française où il faisait référence au combat pour l’avènement de réformes sociales et politiques.

Aujourd’hui encore, certains d’entre nous font des choix de vie radicaux ou ont des idées radicales. Etre radical c’est rejeter le statu quo mais pas forcément de manière violente. Avoir un point de vue radical ne constitue donc pas en soi une menace pour l’ordre démocratique de notre société.

Dans le contexte actuel, lutter contre la radicalisation violente, c’est tenter d’empêcher le recours à la violence par les tenants d’idéologies radicales. Cela requiert des stratégies qui poursuivent un double objectif : une régulation pacifique des conflits sociaux et politiques d’une part, et la promotion de l’égalité sociale et de la mixité culturelle - dans l’emploi, dans les quartiers, à l’école - d’autre part. 

Etre radical, c’est donc rejeter le monde tel qu’il est et agir pour en faire émerger un autre, plus conforme à son idéal. Une telle posture ne conduit pas nécessairement à justifier ou à faire preuve de violence. C’est pour cette raison qu’il faut faire la différence entre le radicalisme (avoir des idées radicales) qui ne constitue pas forcément une menace et la radicalisation violente. La volonté de rupture avec l’ordre existant n’est pas en soi illégitime ou condamnable. Bien entendu, une idéologie radicale qui conduit au repli sur soi et au rejet de la citoyenneté pose question par rapport à notre modèle de vivre-ensemble. Mais contrairement au radicalisme violent, elle ne porte pas atteinte à notre sécurité individuelle et collective.

La radicalisation violente est donc un projet politique qui s’appuie sur une idéologie. Ce projet politique n’est pas nécessairement lié à un mouvement religieux, et encore moins à une religion en particulier. On connaît des radicalisations violentes dans une diversité de mouvements pour lesquels une cause considérée justifie le mépris des libertés publiques et des droits fondamentaux des personnes, en ce compris leur intégrité physique. Pensons au Front de Libération Animale, aux mouvements nationalistes comme l’ETA basque, à l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA), aux mouvements se revendiquant de l’extrême gauche dans les années 70, à certains mouvements d’extrême-droite ou encore à certains  mouvements anti-avortement.

Toute violence politique n’est pas assimilable à de la radicalisation violente. Par conséquent, celle-ci doit être différenciée d’autres actions politiques comme, par exemple, une manifestation qui dégénère et qui produit des dégâts matériels et des blessés parce qu’elle n’est pas le fruit d’une stratégie politique concertée. La radicalisation violente mène parfois au terrorisme à savoir la volonté de faire régner la terreur en tant que but politique, en s’en prenant à des biens et des personnes et dans la volonté de déstabiliser les institutions existantes. Le terrorisme diffère des autres formes d’activisme ou d’extrémisme violent par le degré de violence qui est utilisé. Ces différenciations sont nécessaires : les individus, les groupes et les mouvements radicaux appelleront, selon qu’ils recourent ou non à la violence, des réponses éducatives, préventives et sécuritaires de nature différente.

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