Cinquième colloque annuel du Réseau

À l’heure où notre démocratie est mise à l’épreuve par les discours extrémistes et populistes qui intègrent de façon inquiétante le débat public, chercher à prévenir ce phénomène en agissant au niveau éducatif devient une nécessité. La réponse à ce défi majeur ne peut toutefois être univoque. Au contraire, elle doit être plurielle et souple : être capable de s’adapter tant aux différents cycles de développement des adolescents qu’à la spécificité de chaque individu et de chaque situation. Si les paramètres psychologiques, sociologiques, politiques et technologiques qui favorisent la résurgence et la propagation de ces discours ont fait l’objet de nombreuses études ces dernières années, force est de constater le manque de données disponibles sur l’impact réel de ces discours sur la jeunesse et son imaginaire.

A l’initiative du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Académie royale de Belgique et l’Université de Liège ont été chargées d’investiguer ces questions à travers la réalisation de deux études.

La première journée du colloque, à Bruxelles, présente les résultats d’une enquête qui investigue les représentations morales des jeunes adolescents de première secondaire ainsi que leur sensibilité aux discours extrémistes, à partir des héros de fiction qui peuplent leur imaginaire.

La deuxième journée du colloque, à Liège, expose les résultats d’une enquête qui s’est penchée, d’une part, sur la façon actuelle d’enseigner la notion d’extrémisme, et d’autre part sur la représentation des extrémismes et d’autres thématiques connexes chez les adolescents de fin de secondaire. 

Le 30 novembre 2023 au Palais des Académies – Auditoire Albert II, Rue Ducale 1 à 1000 Bruxelles

Le 1^er décembre 2023 à l’Université de Liège (campus du Sart Tilman) – Amphithéâtres de l’Europe, Auditoire « 604 », Boulevard du Rectorat 13 à 4000 Liège

Invitation et programme des deux journées (pdf)

Programme détaillé et argumentaire (pdf)

________________

Lorsqu’on observe au milieu de l’adolescence certains comportements violents qui semblent prendre appui sur une idéologie extrémiste, il est naturel de s’interroger sur le moment d’éclosion de ce penchant chez l’adolescent. Cette conversion est-elle le fruit d’un évènement très récent, à un âge où, on le sait, tout peut changer en une année ? Ou au contraire, les jeunes adolescents de douze ans seraient-ils déjà massivement sympathisants voire partisans des discours extrémistes, cela du fait de leur candeur et de leur récente plongée dans l’univers des réseaux sociaux ? Selon cette dernière hypothèse, il conviendrait de prévenir ce risque dès l’entrée dans le cycle secondaire. Tels étaient, en quelques mots, les questionnements et les craintes légitimes des commanditaires de cette étude.

Le premier défi a été de créer un outil d’investigation approprié à la question de recherche ainsi qu’au public, encore parfois imprégné du monde de l’enfance. Les résultats de travaux menés depuis une dizaine d’année par le Groupe de recherche en Rhétorique et en Argumentation Linguistique (GRAL) ont permis de prendre comme point de départ le postulat suivant : les positions extrémistes se développent chez les élèves lorsque leur faculté d’empathie fait défaut, autrement dit, quand ils ne sont plus capables de se représenter ce qu’il y a de raisonnable dans le point de vue de l’autre. Très rapidement, il est apparu que l'enquête devait éveiller un vif intérêt chez les élèves pour disposer d’une représentation fidèle de leur imaginaire. Une précaution essentielle devait en outre être prise : respecter leur sensibilité personnelle et leurs éventuels conflits de loyauté. C’est ainsi que deux questionnaires ont été conçus, qui explorent leurs imaginaires et leurs valeurs, principalement à partir des héros et des « méchants » présents dans les univers fictionnels qu’ils fréquentent quotidiennement. 

                                                                                                                                                                      ©FW-B - Jean POUCET

Les discours extrémistes circulent massivement via les réseaux sociaux. Les idées, les discours, les symboles et les images ne sont plus filtrés par les codes imposés des médias classiques. Les jeunes, utilisateurs de ces outils de communication et d’information, sont confrontés de plus en plus tôt à des discours extrémistes. Dès lors, plusieurs questions se posent : arrivent-ils à les identifier ? Comment se positionnent-ils par rapport à ces discours ? Comment réagissent-ils ? Et quelle suite leur donnent-ils ?  

Ces questions initiales ont donné l’impulsion à une vaste enquête menée auprès des enseignants et des adolescents en fin de secondaire, dont la journée présente les résultats. D’une part, l’étude s’intéresse à la façon dont les professeurs d’histoire, de français et de géographie enseignent la notion d’extrémisme à l’école, à partir des programmes de cours et d’entretiens individuels. D’autre part, sur base d’une démarche quantitative et qualitative, elle s’intéresse à la représentation des extrémismes par les jeunes : comment appréhendent-ils cette notion ? Quels exemples mobilisent-ils pour l’expliquer ? Quelles sont leurs réactions face aux différents extrémismes ? Quelles expériences ont-ils de ce phénomène ? Des tables-rondes organisées au cours de la journée permettent à différents intervenants de réagir aux résultats de cette enquête, ainsi que de dresser ensemble l’état des lieux et l’actualité de la lutte contre les extrémismes et des populismes auprès de la jeunesse.