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22 mars: un procès, une histoire - Documentaire radiophonique


22 mars: le procès

Un procès a pour objectif la manifestation de la vérité, mais il a aussi la tâche de réparer l’atteinte à la société et, en ce sens, de nous réparer tous. Lamya Amrani, directrice adjointe de la Maison de Justice de Bruxelles et Isabelle Seret, intervenante en sociologie clinique, ont recueilli les témoignages d’une trentaine de personnes impliquées dans le procès des attentats du 22 mars 2016 - magistrats, chefs d’enquête, avocats, parties civiles, intervenants psycho-sociaux, interprètes…-. afin de saisir les enjeux, les choix, les difficultés liées à ce procès mais aussi ce qui a été vécu en arrière-plan de la scène principale, parfois dans l’isolement, à l’insu du public.

Ces créations radiophoniques visent à contribuer au travail de mémoire collective en veillant à complexifier ce que le voile médiatique tente de simplifier, oubliant parfois le processus démocratique à l’œuvre.


Mode d'emploi

La couverture médiatique du procès du 22 mars se concentrait principalement sur des faits, sans aborder plusieurs aspects notables, tels que l'ampleur de sa préparation, le nombre d'intervenants, sa durée, son organisation, ainsi que sa thématique et son impact. Lamya Amrani et Isabelle Seret ont décidé de collecter le témoignage de différents acteurs du procès afin de mieux saisir les enjeux, les choix et les difficultés liés à l'organisation même du procès. À travers une série d'entretiens - procureur fédéral, juge d'instruction, enquêtrice, personne victime et proche, etc. - elles ont également souhaité faire entendre les voix de ceux qui ont vécu ce procès et contribuer ainsi à un travail de mémoire. 

Certains témoins - Sabine, Olivier, Sandrine, etc.? - ont été rencontrés à différents moments, du début du procès à l'énoncé de la peine. Ils donnent à voir leur cheminement tout au long de ce parcours et comment leur relation à la "justice" s'en trouve changé. 

Les épisodes d'une vingtaine de minutes sont conçus pour être écoutés indépendamment les uns des autres. Ils s'adressent tout autant au grand public qu'aux professionnels. Que l'on soit enseignant en criminologie, étudiant en droit, psycho-traumatologue, chacun peut au gré de son intérêt se saisir d'un épisode. Dans leur intégralité, ces épisodes peuvent aussi donner à voir ce qu'est un procès pénal. 


Les épisodes

Les épisodes de "22 mars: un procès, une histoire" sont accessibles depuis un lecteur audio mis à disposition par la RTBF. Ils sont également accessibles sur Auvio (RTBF). 

Le 52 minutes "22 mars: un procès. Et après?" est également accessible depuis un lien Auvio (RTBF).


22 mars: un procès, une histoire

Épisode 1: Du Centre de crise à l'enquête

Au moment où les explosions retentissent à l'aéroport de Zaventem puis à la station de métro Maelbeek, le travail d'enquête se met en place. Le rappel des faits est rapporté par deux témoins phares : le procureur fédéral et l'un des trois juges d’instruction qui a travaillé dans le cadre de l’enquête. Il aura fallu un peu plus de six années pour que ce travail aboutisse devant une cour d’assises.

Lecteur audio (RTBF)


Le témoignage de deux femmes : la première est magistrate fédérale, référente pour les victimes. Elle a développé au sein du parquet une attention humaniste vis-à-vis des personnes victimes dans un système souvent vécu comme procédurier. La seconde est cheffe d’enquête à la division anti-terrorisme. Elle a côtoyé et interrogé les accusés. Toutes deux ont œuvré parallèlement à la préparation du procès.

Lecteur audio (RTBF)


Peu après le 22 mars, les personnes victimes et leurs proches sont confrontés à des douleurs physiques et psychiques mais aussi à l’étendue des démarches administratives. La Belgique, sans historique terroriste, n'est pas dotée d’une infrastructure qui centralise l’aide et le soutien aux victimes. Deux associations voient le jour pour pallier ce manque : V-Europe et Life4Brussels.

Lecteur audio (RTBF)


Palais de Justice ou Justitia ? Au cœur de la cité ou hors de ses murs ? Les débats ont été longs, parfois houleux, quant au lieu de l’organisation de ce procès. Est-ce que justice peut se faire dans un lieu qui ne lui est pas dédié ? Quelles sont les teintes que prennent alors le procès ? Le directeur de l’OCAM (l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace), des membres du Service Public Fédéral Justice et le porte-parole de la cour d’assises partagent leurs points de vue sur les impératifs liés à un tel procès.

Lecteur audio (RTBF)


Sabine s’est constituée partie civile. À l’ouverture du procès, elle est toujours dans la tourmente des soins de santé et des démarches administratives qui en découlent. Restée plusieurs semaines dans le coma, elle reprend vie grâce au procès. Les éléments d'enquête lui permettent peu à peu d'éclairer des pans effacés de sa mémoire. Si la présence au procès est vécue comme addictive, elle dit aussi combien celle-ci peut être une étape importante. Son témoignage dépeint le panel des émotions qui l'habitent - entre colère et apaisement - et les méandres de son chemin de reconstruction.

Lecteur audio (RTBF)


Différents métiers accompagnent les personnes victimes au procès : assistants de justice, psychologues, interprètes et pour la première fois, des chiens de soutien émotionnel de la police. À l'audience, les assistants de justice et d'aide aux victimes répondent aux éventuelles questions et soutiennent émotionnellement les personnes qui le souhaitent. Dans l'ombre, les interprètes oeuvrent à la restitution de la parole des différents acteurs du procès. En mars 2023, lors du témoignage des personnes victimes, les émotions de ces intervenants ont été mises à rude épreuve. 

Lecteur audio (RTBF)


Représenter les accusés dans un procès de terrorisme, c’est s’engager à défendre ce que d’aucuns qualifient parfois d’indéfendable. Deux avocats font part de la relation entretenue avec leur client. Leurs motivations, loin de tout faire-valoir, s’ancrent dans la conviction que tout individu est présumé innocent et a le droit d’être entendu et défendu. Ibrahim Farisi, l’un des accusés - qui a été acquitté dans ce procès - se livre aussi et dit son abattement et son incompréhension d’avoir été embarqué dans ce dossier de terrorisme. L’épisode débute avec les mots de Frédéric, partie civile, le soir du verdict, le 25 juillet 2023. Il livre ses attentes…

Lecteur audio (RTBF)


Olivier a épaulé sa femme tout au long de ses chemins de reconstruction physique et psychique. Au moment du procès, 6 ans après les faits, il encaisse ces années d'abnégation où son attention était tournée uniquement vers le bien-être de sa femme et de sa famille. À travers le procès, il tente de trouver une place qui reconnait la part de souffrance endurée. Olivier s'est constitué partie civile. Cette démarche est le fruit d’un long cheminement. Son témoignage a été recueilli à différents moments. La dernière rencontre se situe peu après le prononcé des peines. 

Lecteur audio (RTBF)


Les attentats ont fait basculer la vie de nombreuses personnes. Ils sont aussi venus profondément ébranler notre histoire collective. Un procès, et finalement une vérité judiciaire, ce sont évidemment des éléments importants. Mais les chemins de la Justice sont pluriels. Le collectif "Retissons du lien, penser ensemble pour agir en commun" s’est constitué en 2018. Il réunit des personnes endeuillées ou rescapées des attentats de Bruxelles et de Paris, des parents concernés par l'engagement d'un des leurs dans l'idéologie djihadiste et des intervenants de première ligne issus du travail social de rue, des services d'aide aux justiciables, ou de l'enseignement. En marge du procès lié aux attentats de Bruxelles, ce collectif a proposé des dispositifs d’accompagnement apparentés à la justice restauratrice. 

Lecteur audio (RTBF)


Épisode 10: De quoi et comment se souvenir?

La mémoire est plurielle, elle est celle d'un individu, de son groupe, de son univers social. Elle peut être celle d'une collectivité. Mais faire mémoire est complexe. Les témoignages des différents acteurs de ce procès ont permis au fil de cette série d’aborder la manière dont chacun vit, traverse, ressent le procès, mais aussi son après. Dans ce dernier épisode la parole est donnée à deux parties civiles, au greffe, et à l'un des jurés.

Lecteur audio (RTBF)


22 mars: un procès, et après?

Cet épisode de 52 minutes vise à comprendre ce que le récent procès des attentats a permis. Son volet pénal s'est achevé en septembre 2023. Mais qu'a-t-il dit? Qu'a-t-il permis? Qu'a-t-il laissé aussi comme interrogations pour les parties civiles?

Lamya Amrani et Isabelle Seret ont demandé aux parties civiles et personnes victimes quelles questions restaient en suspens, une fois le volet pénal achevé. 

Avec le concours des associations de victimes, elles ont collecté auprès des personnes victimes, les questions qui persistaient après le procès. 

  • Comment vont les membres du jury à l'issue du procès? 
  • Comment s'élabore un verdict et à quoi sert-il?
  • Comment les médias travaillent-ils?
  • Crime de guerre ou acte de terrorisme?
  • Que deviennent les détenus?
  • Que nous dit la peine encourue?

Elles ont ensuite identifié plusieurs personnes désireuses d'aller à la rencontre d'un professionnel susceptible d'éclairer leur questionnement. 

Les rendez-vous pris, la personne victime avait carte blanche pour mener un entretien-fleuve. Chaque participant a pu réécouter ensuite les extraits montés afin d'approuver le contenu de l'épisode. 

La présidente de la cour d'assises, Laurence Massart, a aussi exceptionnellement accepté de participer à cet épisode. 

Toutes les personnes victimes ont apprécié le caractère réparateur de cette expérience.

Lien Auvio (RTBF)